A notre Pépé
Pour celles et ceux qui ont vu notre grand père ces derniers mois, ces dernières semaines ou ces deniers jours, il n’a jamais été cet homme fragile, et frêle que l’on a embrassé pour la dernière fois.
Il faisait partie de cette race d’homme qu’on ne voit plus.
Il reste dans nos mémoires comme un homme fort avec un charisme débordant et que rien ne pouvais terrasser.
Toute la famille l’aimait et était fier de ce qu’il était et de qui il était.
Notre père et nos oncles lui vouaient une grande admiration et nous, mes soeurs et moi, bien plus encore.
Il nous racontait souvent sa vie d’avant…
A 7 ans, il perd sa mère et il grandi avec la rue, les GI américains et sa grand-mère napolitaine pour parents.
A 27 ans, il perd son pays, sa ville Alger qui l'a vu grandir, s’étourdir, profiter de la vie et trouver son grand Amour.
A 57 ans il perd son fils, notre oncle, Philippe, celui qui lui ressemblait le plus et dont il était peut-être le plus fier.
Je ne sais pas si c’était le meilleur des grands pères mais pour mes soeur et moi il l’était.
Il disait avec son air sérieux et enjôleur:
« Je suis un ancien fonctionnaire de catégorie A de la police nationale, ma retraite est inscrite sur le grand livre de la dette de l’état. »
Notre grand père était de la race des seigneurs.
Il est resté debout malgré toutes les vicissitudes de la vie.
Notre grand père avait cette vitalité et cette énergie nécessaire pour construire ce dont il avait été dépouillé dans sa jeunesse : Notre Famille.
Il nous aimait, nous le savons. Il ne nous le disait pas, sans doute par pudeur, cette pudeur qui l’a su nous transmettre bien malgré lui mais il nous le montrait.
Notre grand-père nous taquinait, moi en m’appelant Katanka et en me chantant tout le répertoire de Fernandel et des chansons napolitaines.
Quant à ma soeur, elle était sa casse bonbon de service. il l’amenait à l’equitation et perdait des demie-journée à la regarder non sans fierté.
Sans oublier, Mémé, notre Grand-mère d'amour, dont il prenait un malin plaisir à taquiner également en nous envoyant des petits clins d'oeil.
On le revoit assis sur sa terrasse à saint jean de vedas, à nous regarder nager sur les chansons des gypsy King, dans sa piscine qu’il entretenait toutes les nuits, ne pouvant pas dormir….
Nous avons vécus, dans son quotidien, 2 de nos plus belles années.
Le paradoxe est qu’en ce jour et bien malgré nous, nous restons heureuses car nous regorgeons de souvenirs avec Lui.
Il a su nous montrer jusqu’à son dernier souffle l’importance d’être une famille.
Aujourd’hui, nous savons que le chagrin est le prix à payer pour l’amour mais aussi que plus rien ne sera jamais pareil.
Notre grand père s’en est allé.
Nous lui souhaitons ardemment de retrouver ceux qui lui manquaient depuis trop longtemps, vêtu de sa chemise en jeans, de son jeans, de ses mocassins blancs et de son éternel sourire charmeur.
Pépé, tu étais Notre Grand homme.